En ces temps de quarantaine, nous voulons prendre le temps de nous rappeler des moments spéciaux et de nombreuses figures qui ont façonné notre impressionnante histoire.
Jan Mulder disait de lui qu’il était "à couper le souffle". Le Congolais - puis Zaïrois - Julien Kialunda était une personne attachante. Nous l'avions fait venir de l’Union Saint-Gilloise en 1965, où il avait évolué pendant cinq saisons. Kialunda était doux et n’intimidait jamais son adversaire. Son attitude dans la vie rayonnait dans sa façon de jouer. Un virtuose avec une technique incomparable. En dribblant, il était souvent pris d’un fou-rire.
Julien Kialunda adorait se faire masser pendant des heures par Jean Bauwens et plus tard Fernand Beeckman. Il passait des heures avec ses coéquipiers, mais il n'a jamais énoncé ses sentiments les plus profonds. Julien aimait la vie nocturne, il menait donc une double vie avec un agenda secret. Il tenait une discothèque dans le quartier de Matonge, au cœur même de Bruxelles : Le Vatican était une véritable attraction pour les musiciens, les diplomates et les sportifs. Son épouse, une Allemande, est quant à elle toujours restée à l'arrière-plan.
Julien Kialunda ne voulait pas défendre les couleurs de l'équipe nationale du Zaïre. Il s'est ouvertement éloigné du régime Mobutu. En 1973, il a refermé furieusement les portes du stade Emile Versé derrière lui. Le RSCA a demandé 18 millions de francs (400.000 euros) pour son transfert. Il était le bienvenu dans quasi tous les clubs de première division, mais Julien Kialunda a cependant résisté. Grâce à une médiation de son grand ami le physiothérapeute Fernand Beeckman, il a joué en troisième division provinciale au FC Leopold.
Entre-temps séparé de son épouse, Kialunda est retourné au Zaïre après quelques années au Léopold. Il est resté fidèle à sa réputation d'oiseau de nuit. Il a travaillé dans les médias et est devenu agent. En 1987, il est soudain revenu à Bruxelles. Totalement démuni et extrêmement malade. Il a passé des tests à l'institut tropical contre la malaria. Le verdict fut pire. Kialunda souffrait du SIDA, une maladie qui était alors méconnue. Son ex-femme a commencé à collecter des fonds à Matonge et elle s'est aussi tournée vers le RSC Anderlecht.
Julien Kialunda a été hospitalisé et il est décédé après un certain temps. Le président Mobutu a ordonné de restituer les restes du plus grand footballeur zaïrois de tous les temps. Mais Michel Verschueren a pu l’empêcher, grâce à ses connaissances et son expérience diplomatique. Un geste qui fut extrêmement apprécié des enfants de Julien. Le Sporting a pris en charge les frais de ses funérailles et il a été enterré à Anderlecht. Repose en paix Julien.