La semaine dernière a été particulièrement agitée pour le RSC Anderlecht et pour le personnel du club. Les supporters ont exprimé leurs préoccupations sur un certain nombre de sujets et ils ont lancé une demande claire de communication. Notre président Wouter Vandenhaute s'adresse à nos supporters dans cette interview et espère répondre aux questions que ceux-ci se posent.
Sur les choix des entraîneurs
"L'une des premières décisions que j'ai prise lorsque je suis devenu président du RSC Anderlecht a été de faire de Vincent Kompany l'entraîneur. Je reste absolument convaincu que cette décision était la bonne, étant donné que nous étions sur la même longueur d'onde. Nous voulions pratiquer un football offensif, nous voulions travailler avec de jeunes joueurs, nous voulions retrouver une certaine fierté anderlechtoise. Et je pense que nous l'avons bien fait durant ces deux années. C'était un essai et une erreur, il y a eu des hauts et des bas. Mais au final, nous avons joué les play-offs 1 deux années de suite. L'année dernière, nous avons atteint la finale de la coupe. J’ai encore en tête les images de cette journée au Heysel. C’était fantastique. On aurait dit que nous étions de retour pour de bon. Hélas, nous avons raté notre finale. Nous n'avons pas joué un bon match et nous avons perdu aux tirs au but. Ça aurait pu être un déclic si nous l'avions gagné.
J'ai dû constater que l'alchimie était un peu moins présente ces derniers mois. Nous en avons ensuite parlé avec Vincent et, ensemble, nous sommes arrivés à la conclusion qu'il était préférable de se séparer. Vincent est parti à Burnley. Ça s'est d’ailleurs déroulé dans un climat serein. Et je suis content pour lui qu'il réussisse si bien là-bas. J'espère qu'il deviendra un entraîneur de Premier League la saison prochaine.
Après Vincent Kompany, nous voulions travailler avec un entraîneur expérimenté. Un entraîneur qui connaisse bien le championnat belge. Nous nous sommes donc tournés vers Felice Mazzù, qui avait fait un travail formidable à l’Union.
Au départ, ça a bien fonctionné. Nous avons connu une bonne préparation, un bon début de championnat avec 9 points sur 12. Nous nous sommes qualifiés pour les phases de groupe en Europe. Mais ça s'est vite effondré. Il s'est avéré que la façon de travailler et le style de jeu de Felice Mazzù s’opposaient avec la façon très moderne de travailler de Vincent.
C'était une sérieuse erreur de jugement. Et nous en avons aussi tiré des conclusions. Avec le recul, j'aurais peut-être dû essayer de garder Vincent plus longtemps avec nous.
Avec l'arrivée de Brian Riemer, nous revenons maintenant à des principes qui ressemblent à ce que nous avons construit pendant ces deux années avec Vincent. Brian est un entraîneur très moderne. Il a fait ses preuves en Premier League. On sent qu'en termes de méthodes de travail, de dynamisme, d'enthousiasme, d'idées, ils viennent un peu de la même école."
Sur l'académie de Neerpede
"En ce qui concerne Neerpede, nous devons nous regarder d'un œil critique. Je pense que nous devons encore nous améliorer. Il y a 15 ans, Neerpede était très en avance sur la plupart des académies. Un travail fantastique y a été réalisé et y est encore réalisé. Mais nous devons nous assurer de ne pas perdre l'avantage que nous avons aujourd'hui.
Par conséquent, il est urgent d’innover. Tout d'abord, nous devons nous pencher sur nos infrastructures, car nous sommes tout simplement à la traîne dans ce domaine. Nous devons nous mettre au travail et trouver des solutions. Et nous y travaillons actuellement. Nous avons d’ailleurs prévu un budget pour ça.
Jean Kindermans a toujours été très important dans l'histoire de Neerpede. Il est l'architecte de cette histoire, et nous souhaitons continuer à travailler avec Jean. Nous espérons qu'il fera aussi partie du futur de l’académie. J'espère que, dans un futur proche, Jean et Jesper [Fredberg] pourront trouver un accord."
Sur la situation sportive du club
"Je suis très déçu de notre place au classement. Ce n'est pas la place d'Anderlecht. Nous devons essayer de remonter le plus vite possible. Nous n'avons pas toujours eu la chance de notre côté, mais on ne peut pas tout mettre là-dessus. L’été dernier, nous n'avons sûrement pas réalisé notre meilleur mercato. Notre département de scouting a fait un très bon travail ces trois dernières années dans des circonstances très difficiles, avec peu de moyens. Maintenant, nous avons connu un mercato estival moins bon, et on le paie cash.
Nous voulons et nous allons bien sûr nous renforcer pendant ce mercato. Je tiens à souligner qu'aujourd'hui, nous sommes un club sain. Il y a eu toutes sortes de nouvelles ces derniers jours sur l'état financier lamentable dans lequel nous serions, mais ce n'est tout simplement pas vrai. Nous avons éliminé nos dettes, nous avons levé de nouveaux capitaux. Et nous allons utiliser ce capital à bon escient. Nous ne sommes toujours pas un club riche, et donc lorsque nous faisons venir de nouveaux joueurs, nous devons aussi nous séparer d'autres joueurs. C'est le mécanisme dans lequel se trouvent la plupart des clubs.
Nous allons faire tout ce que nous pouvons afin de pouvoir retrouver cette trajectoire ascendante le plus rapidement possible."
À propos des critiques des supporters
“Dimanche dernier, nos supporters ont été fantastiques. C'est le public dont nous avons besoin pour développer notre football. Si ces personnes critiquent ensuite, sont frustrées et désillusionnées, ça devient difficile.
J'entends que certains de nos supporters m'accusent d'un manque de vision. J'ai bien peur de devoir en arriver à la conclusion que je n'ai pas communiqué correctement, suffisamment, ou même pas du tout. C'est ma faute et ma responsabilité. Parce que pour moi, cette vision d'Anderlecht est claire. Nous devons être un club qui apporte un football beau et moderne, qui gagne ses matches, avec de jeunes joueurs, avec de jeunes entraîneurs. Je veux aussi que nous soyons un club largement ancré dans la société. C'est aussi l'une des raisons pour lesquelles nous sommes si pleinement engagés dans le football féminin. Je pense que nous devons aussi être un club qui prend ses supporters très au sérieux.
Si j'ai utilisé le mot ‘changement de culture’ par le passé, ça ne signifie pas du tout que nous voulons toucher à l'ADN d'Anderlecht. Ça n'a rien à voir avec ça. Nous ne devrions pas toucher à cet ADN. Ce que je veux dire, c'est que nous devons prendre conscience que nous ne sommes plus le club le plus riche et que nous devons nous comporter en conséquence. Nous devons travailler plus dur, nous devons être plus affûtés, nous devons faire preuve de plus de ‘winning mentality’ et nous devons être prêts à aller jusqu'au bout chaque jour. Nous allons devoir travailler plus dur qu'avant, lorsque nous sommes devenus le club le plus riche du pays. C'est le seul moyen de redevenir le meilleur et le plus grand club de Belgique.
Nous avons des actionnaires forts et ambitieux, un bon conseil d'administration, une direction forte avec une vision, avec des personnes qui savent exactement où elles veulent aller et qui ont aussi le mandat et l'espace nécessaire pour faire ce qu’elles savent faire. Et nous avons des employés formidables. Ce que je ressens énormément, chaque jour à Neerpede, c'est cette faim et cette envie de montrer à nouveau que nous sommes Anderlecht et que nous voulons revenir. Cette semaine, j'ai vu toutes ces personnes souffrir, mais en même temps, je les ai toutes vues se relever. Ils ont dit : ‘Nous n'allons pas laisser ça se produire’.
Personne n'est plus grand que le club. J'ai envie de me remettre en question. Et j'espère que maintenant, nous pouvons resserrer les rangs et que nous pourrons à nouveau tous soutenir le club."